CHINE - XIXe siècle
Grande coupe en porcelaine décorée en émaux jaunes, verts et manganèse sur le biscuit et incisé sous la couverte d'un dragon pourchassant la perle sacrée parmi les nuages au centre et de deux dragons à l'arrière.Au revers, la marque apocryphe de Kangxi à six caractères en kaishu.Diam. 26,5 cmPorte l'étiquette de l'ancienne collection Heliot fils, 34 rue de Berlin à Paris (Nouvelle rue de Liège)La réunion des 32 masques de théatre chinois que nous proposons au feu des enchères est, en empruntant une image cinématographique, un arrêt sur image sur une culture séculaire, voire millénaire.Si les visages peints de l'opéra chinois nous sont connus, les masques de théatre en bois liés à l'exorcisme, en revanche, le sont moins et restent relativement confidentiels et réservés aux collectionneurs et institutions muséales jusqu'à leur apparition en occident dans les années 1980.En effet, la Révolution Culturelle (1966 - 1976) voulait mettre fin à toutes les anciennes pratiques culturelles ou coutumières.C'est l'arrivée au pouvoir de Deng Xiaoping, à la fin des années 70, qui a donné de nouvelles orientations à la Chine et permis la réapparition de nombreux artefacts.Il faut, brièvement, distinguer deux théatres:- le théatre du nuoxi (nuo renvoyant à l'exorcisme et xi signifiant le théatre) et - le théatre dixi (littéralement théatre sur le sol).Le nuoxi est issu de rites d'exorcisme ayant pour but de faire la chasse aux maladies et aux catastrophes naturelles provoquées par des démons ou des fant?mes de personnes décédées de mort violente.Jacques Pimpaneau, dans un texte intitulé "le retour aux vieilles croyances" (1) écrit "Dès l'Antiquité existaient en Chine des cérémonies d'exorcisme qui sont mentionnées dans le rituel des Zhou et le livre des rites. Des processions avaient lieu.... pour chasser les pestilences... "Quant au théatre dixi, son origine et sa pratique rituelle remontent à la fondation de la dynastie Ming (1368 - 1644).Pour mater les "minorités nationales", l'empereur envoya des militaires qui se sont mêlés à la population autochtone qui pratiquait déjà les danses masquées.Le dixi est un théatre d'exorcisme joué sans estrade et son répertoire est un ensemble de pièces et de personnages historiques et militaires incarnés pour chasser démons et fant?mes mais également pour montrer la puissance des héros chinois à des ethnies qui n'en voulaient pas."La troupe de chaque village, composée de paysans, jouait chaque année la même pièce, au moment du Nouvel an, pour assurer la protection de la communauté. Dans certains villages, elle était aussi donnée au septième mois lunaire pour s'assurer une bonne récolte de riz " (1)Nuoxi ou dixi, la renaissance de ces pratiques culturelles et religieuses a permis à l'administration chinoise de s'y intéresser et d'inscrire les artefacts qui en sont l'expression, dans le champ patrimonial.Nous sommes donc en présence d'un ensemble rare et ancien témoin de pratiques ancestrales.BIBLIOGRAPHIE: (1) - Visages des dieux, visages des hommes, masques d'Asie - Jacques Pimpaneau, Abbaye Daoulas (Finistère) 2006/2007, - Ateliers d'anthropologie (Référence électronique) - Masques de Chine, visages du Nuo: du patrimoine à l'art premier - Sylvie Beaud, 2016, - Masques de Chine, rites magiques de Nuo - Musée Jacquemart André, Paris, 2007, - Le masque de la Chine: les masques de Nuo ou la face cachée du dernier empire, Yves Créhalet/Luc Berthier, Actes sud, 2007.