IMPORTANT BUREAU PLAT en placage d'ébène et/ou de poirier noirci. De forme rectangulaire, il ouvre par trois tiroirs, dont un central en retrait.Très belle ornementation de bronze doré et ciselé couleur d'or telle que chutes, tabliers latéraux, sabots, croissants, astragale, poignées tombantes, plaques de serrures et cadres à feuilles d'eau. Les fa?ades à réserves en cadres à feuilles d'eau, les c?tés en rappel à larges filets de laiton, pieds cambrés.Attribué à No?l GéRARD.époque Régence.H. 80 cm - L. 193 cm - P. 92 cm.Restauration d'usage et renforts.Les intérieurs des tiroirs gainés d'anciens velours de soie vert amande.Plateau de maroquin rougeProvenance:Succession de Madame de B., ParisVers la fin de l'époque Louis XIV ou au début du règne suivant, nous assistons à un exceptionnel renouvellement des formes et des motifs dans les arts décoratifs fran?ais du milieu des années 1710 jusqu'aux premières années de la décennie suivante. Dans le domaine particulier de la grande ébénisterie parisienne, ce profond changement entra?ne notamment la déclinaison de l'un des types de meubles les plus réputés et les plus recherchés des grands amateur du temps: le grand bureau plat dit ?de travail?. Héritier des modèles luxueux créés par André-Charles Boulle dans les dernières décennies du XVIIe siècle, la composition du grand bureau plat Régence plaqué d'ébène se distingue par le parfait équilibre de ses proportions, ainsi que par la sobriété de son placage mettant en valeur son décor de bronze finement ciselé et doré. Le meuble que nous proposons fut réalisé dans ce contexte particulier; il s'inscrit dans un ensemble restreint de meubles réalisés dans le même esprit qui souvent sont rattachés à l'oeuvre de l'ébénisteNo?l Gérard et parfois portent l'estampille abréviative ?FL? de l'ébéniste Fran?ois Lieutaud auquel Gérard d?t sous-traiter une partie de sa production ou qui collabora avec lui sur le développement et la réalisation de ce type de meubles, notamment sur les batis.De nos jours, parmi les rares bureaux connus réalisés dans le même go?t et présentant souvent un décor de bronze similaire, particulièrement ces chutes à masques féminins caractéristiques parfois associés aux masques d'Hercule se détachant sur deux massues entrecroisées. Citons notamment un premier exemplaire, à caissons latéraux et trophées d'Hercule sur les c?tés, qui a été proposé aux enchères à Paris, H?tel Drouot, Ma?tre Baudouin, le 9 mai 1945, lot 57; ainsi qu'un deuxième qui a fait partie successivement de la collection de Monsieur Hubert de Saint-Senoch (vente Sotheby's, Monaco, les 4 et 6 décembre 1983), puis de celle de Monsieur et Madame Lily et Edmond Safra (vente, Sotheby's, New York, le 4 novembre 2005, lot 599); un troisième, proposant des variantes dans le décor de bronze doré, appartient aux collections du Toledo Museum of Art (illustré dans A. Pradère, French Furniture Makers, The Art of the Ebeniste from Louis XIV to the Revolution, Les éditions du Chêne, 1989, p.112); un quatrième est exposé dans le Salon de musique de l'Arsenal à Paris, ancienne résidence du marquis de Paulmy au XVIIIe siècle (paru dans L. Philippe, ?Le mobilier de l'Arsenal?, dans L'Estampille, n°186, novembre 1985, p.32-33). Enfin, mentionnons un dernier bureau de ce type inventorié dès le milieu du XVIIIe siècle à la Residenz de Munich et qui appartient toujours aux collections de ce musée (reproduit dans B. Langer, Die M?bel der Residenz München, I, Die franz?sischen M?bel des 18. Jahrhunderts, Editions Prestel-Verlag, Munich, 1995, p.49-52, catalogue n°4).No?l Gérard (vers 1685-1736) est l'une des figures les plus importantes des arts décoratifs parisiens des premières décennies du XVIIIe siècle. Fils de Nicolas Gérard et de Marguerite Montigny, soeur du grand-père de l'ébéniste Philippe-Claude Montigny, No?l Gérard se distingue rapidement par ses qualités d'artisan en meubles, mais également par celles de marchand-mercier. Associant brillamment ces deux activités, Gérard fait prospérer son commerce au milieu des années 1710 et loue un temps le somptueux h?tel du financier Jabach. Parmi sa clientèle se trouvaient aussi bien des membres de la grande aristocratie parisienne tels le comte de Clermont, le chevalier d'Erlac, le prince de Carignan et le duc de Bauffremont, que des personnalités de la finance ou de la banque tel le fermier général Le Riche de la Popelinière, ainsi que des ambassadeurs étrangers tels le marquis de Castellas, ambassadeur d'Espagne, et Lord Waldegrave, ambassadeur d'Angleterre, enfin des princes ou souverains étrangers tel Stanislas Leszczynski, ancien roi de Pologne.