EUSEBIO DA SAN GIORGIO
(PEROUSE VERS 1465-APRES 1539)
Vierge à l'enfant
Panneau
46 x 34,5 cm
Au revers sur la moulure supérieure du cadre, à l'encre noire sur papier brun lacunaire :
Original de Perugin/Vente de la comtesse de Verrue 1737/peinture rare/…/Antoine Crozat
Restaurations anciennes
Cadre XVIIe en bois doré de forme cintrée avec décor en relief inséré dans un cadre rectangulaire doré et peint; au revers date de 1659 ( ?)
L'artiste réinterprète ici les figures de la Madone à l'enfant des retables de Perugin créés vers 1500, dans une position un peu semblable, particulièrement La Vierge des flagellants (disciplinati) de la Galerie nationale de l'Ombrie à Pérouse et la Pala Tezi (même musée).
La vierge vue aux trois-quarts est assise sur le rebord d'un muret et tient l'Enfant nu sur ses genoux. Les têtes et les regards des deux personnages sacrés sont penchés vers la gauche en direction d'un éventuel personnage que l'Enfant semble bénir. Le groupe virginal se détache devant un drap d'honneur tenant lieu de dossier au premier plan d'un lointain paysage dominé par un ciel lumineux. Sur le c?té gauche l'artiste a placé la scène de la stigmatisation de saint Fran?ois en présence de frère Elie au pied du rocher de la Verna d'où surgit un arbre grêle. Cet élément iconographique permet de supposer que le commanditaire du tableau a pu se prénommer Fran?ois.
Il faut replacer l'exécution de cette ?uvre inédite parmi les ?uvres d'Eusebio da San Giorgio, l'un des principaux collaborateurs de Pietro Vannucci dit le Pérugin (1450-1523).Le cadre paysagé servant de décor à la présentation des personnages est typique des oeuvres de Pérugin et Eusebio en reprend la disposition; il emprunte également au ma?tre ombrien l'attitude de la Vierge reprise vers 1495-1496 de la Pala des Decemviri pour le palais des prieurs de Pérouse (Rome, Pinacoteca Vaticana) et réitéré dans la Madone de la Consolation (1496) et la Pala Tezi en 1500 (Pérouse, Galeria Nazionale dell'Umbria ; cf. Perugino, il divin pittore, exposition Pérouse, 28 Février-18 Juillet 2004, cat. 1.45, 1.47).
Ce schéma de composition où, dans le détail, le manteau bleu de la vierge est replié sur ses genoux et le pan qui se relève sur son épaule droite laissant visible la doublure verte, est un poncif de Pérugin récurrent dans de nombreuses madones du ma?tre ou de son atelier. Eusebio le reprend ici en y apportant sa note personnelle par la présence de l'écharpe enserrant les épaules de la vierge. Quant à l'enfant il est la réplique de celui apparaissant dans les ?uvres du Pérugin citées ci-dessus. Malgré ces emprunts, pratique traditionnelle des ateliers à la Renaissance, Eusebio se démarque du style de son ma?tre par des proportions plus élancées, un dessin plus linéaire des contours, principalement dans le visage ovale de la vierge dont l'expression de tristesse alanguie traduit le sentiment prémonitoire de l'avenir de l'Enfant.
On pourra rapprocher notre tableau du dessin d'Eusebio représentant une Tête de jeune femme (la Vierge ?,Louvre, Département des arts graphiques) ou de la Madone et l'Enfant et un saint (Parme collection particulière ; cf. F. Todini, La Pittura Umbra, Milan 1989, vol. II, fig.1342) et dater son exécution à la fin de la dernière décennie du XVe siècle.
Sur la biographie d'Eusebio da San Giorgio, cf.M.R. Silvestrelli in la Pittura in Italia, Il Cinquecento, 1988, vol. II. ad voc.) et C. Fratini, in Dizionario biografico degli italiani , Rome 1993, vol. 43, ad voc.)