Rare bureau à cylindre en marqueterie toutes faces, réalisé d’après le modèle exécuté par Oeben puis Riesener pour le roi Louis XV à Versailles.
Ce chef d’?uvre emblématique de l’art du meuble fran?ais réalisé entre 1760 et 1769 a mobilisé, à l’époque, pas moins de 14 corps de métiers et 26 500 heures de travail. La passion de Jean Fran?ois Oeben pour la serrurerie se reflète dans ce meuble d’une grande complexité à travers de nombreux mécanismes cachés. Ainsi l’unique clef nous dévoile les secrets du roi en libérant l’abattant du cylindre, ses trois tiroirs cachés et les six petits tiroirs disposés en deux colonnes latérales.
En 1988, un collectionneur américain fait appel aux ateliers Da?dé de Revel pour réaliser une copie du "bureau du Roi". Revel, capitale du meuble d’art née en 1342 de la volonté de Philippe IV le Bel, est alors la seule à pouvoir accomplir un tel projet compte tenu du degré d’investissement matériel et humain nécessaires. 17 500 heures de labeur seront ainsi nécessaires pour relever pareil défi ! Mais cet exploit sera renouvelé une seconde fois peu de temps après, sous la direction de René Da?dé (notre bureau).
Le large cylindre à lattes en tulipier est orné de tableaux en marqueterie représentant divers attributs comme l’astronomie, la musique, la poésie, la royauté ou le théatre et repose sur deux caissons à tiroirs chacun, ornés de décors floraux.
En partie supérieure, ces attributs sont accompagnés de bouquets de fleurs réalisés en bois exotiques et une balustrade à oves en bronze marquetée de quartefeuilles agrémente le dessus du secrétaire.
Au centre de celle-ci, se trouve une pendule double face identique à celle créée par Jean-Antoine Lépine pour le meuble d’origine avec ces deux enfants symbolisant les Arts, les guirlandes fleuries, les feuilles d’acanthes et les deux cassolettes en bronze.
Le c?té droit du bureau présente les attributs de la guerre en dessous desquels sont représentés les produits de la terre et de la mer avec au centre, un bas-relief en porcelaine imitant le Wedgwood et représentant Hyménée sortant du bain dans un médaillon en bronze doré.
Sur le c?té gauche, on distingue les attributs de la marine qui sont représentés également avec un rappel des produits de la terre et de la mer, et au centre, un bas-relief en porcelaine imitant le Wedgwood et figurant les Trois Graces.
A l’arrière du bureau, se trouve deux tableaux de marqueterie, avec pour celui de droite une réserve où il est inscrit "Riesener. inv. 1769. R. Da?dé reproduction 1992" en l’honneur de l’éblouissant décor de marqueterie inventé par Riesener et reproduit à la perfection par les ateliers Da?dé. Au centre de la fa?ade arrière, se trouve un bas-relief en bronze figurant Minerve entourée de sept chérubins symbolisant les sept qualités de l’être humain.
Le bureau repose enfin sur quatre pieds cambrés richement décorés et ornés de dépouilles de lion et l’ensemble présente une très riche décoration de bronzes ciselés et dorés qui épousent les courbes typiques du style Louis XV.
Pour finir, notre bureau est sublimé en partie supérieure par deux bras de lumières à deux branches chacun, représentant Calliope déesse de la poésie et de l’éloquence, et Apollon dieu grec de la lumière, des arts et de la divination.
H : 147 ; L : 192 ; P : 105 cm.
Note : A notre connaissance, les ateliers Da?dé n’ont produit que trois exemplaires de la réplique du bureau du Roi dont la n?tre, réalisée pour un collectionneur monégasque (commandée en 1988 et livrée en 1993, suivant copie de la facture d’achat jointe), et celle précédemment évoquée pour le collectionneur américain. Il para?t aujourd’hui inconcevable d’envisager de reproduire encore une fois un tel chef d’?uvre, tout d’abord pour des raisons évidentes de co?t mais aussi parce que cette tradition du savoir-faire de l’artisanat fran?ais tend malheureusement à dispara?tre…
Copies connues du bureau du roi : Beurdeley (1889), Crozatier et Dreschler, Dasson (vers 1875), Jansen (vers 1896), Linke (1901, 1910, 1922, vers 1940), Zwiener (1884 et 1889).
Copies exposées : Expositions universelles (Paris, 1878, Dasson ; Paris, 1889, Beurdeley, Zwiener), Exposition universelle (Chicago, 1893, Beurdeley), Salon des industries du mobilier (Paris, 1902, Jansen ; Paris, 1905, Linke).
Bibliographie : publié dans "Revel, Capitale du Meuble d'Art", Olivier Miquel, Création-Edition-Diffusion 2003, pp. 84-97