Giulio BONASONE (d'après),
Le Jugement de Paris avec Junon, Minerve, Vénus et Mercure
Ecole de Fontainebleau, dernier quart du XVIe siecle
Panneau de bois (noyer ?) décoré d'une scène mythologique sculptée en bas-relief, jadis monté en porte de cabinet ; chassis finement mouluré.
Dimensions : 47,5 x 65 cm.
(Petits éclats ; aux angles, trous de fixation de la taille de la tête d'une épingle ; ancien système de fermeture obstrué).
Expert: Rapha?le Skupien
On note la finesse de la sculpture dans le rendu des détails (végétation, plumes du paon, chevelures) et le traitement du relief en plans successifs où les corps qui outrepassent légèrement le cadre accentuent l'effet de profond.
Au premier plan, le paon identifie Junon figurée de profil sur la gauche. Derrière elle, appuyée contre le cadre, Minerve se reconna?t à ses attributs guerriers (casque, lance). Les deux déesses font pendant à Mercure, coiffé d'un casque ailé, et à Vénus accompagnée de Cupidon. Au centre, avec sa fourche de patre, Paris est figuré en contrapposto, se détournant de Junon pour offrir à Vénus la pomme convoitée.
Dans la mythologie greco-latine, le Jugement de Paris est l'un des épisodes fondats de la guerre de Troie. Il se déroule en marge du mariage de Pélée et Thétis. A l'exception de la déesse de la Discorde Eris, tous les Immortels ont été conviés aux festivités données alors sur le mont Ida où avait grandi le jeune patre Paris, loin des fastes de la cour de Priam, son père. Eris en prit son parti et lan?a au milieu du banquet une pomme d'or sur laquelle était écrite ? A la plus belle ?. Afin de départager qui de Junon, de Minerve ou de Vénus l'emportait en beauté sur les autres, Mercure conduisit les trois déesses au jeune patre qui devait donner la pomme à la plus belle. Chacune d'elle chercha à infléchir sa décision. Vénus l'emporta en lui promettant l'amour de la plus belle des mortelles, Hélène.
Datation : Le thème du Jugement de Paris, très prisé à la Renaissance, offre ici une composition assez originale où vient s'ajouter la figure de Mercure à celles attendues de Paris, Junon, Minerve et Vénus ; on peut rapprocher cette scène du même sujet gravé par G. Bonasone, avant 1576, dans son cycle de l'Histoire de Junon. Cette gravure aura aussi inspiré un émail à Jean Reymond, peint en 1582 (Musée des Beaux-Arts de Reims). Le tour chorégraphique de la scène, où s'entremêlent les corps aux silhouettes serpentines, inscrit l'oeuvre dans le courant du maniérisme bellifontain de la fin du XVIe siècle.
Orientation bibliographique : BARTSCH Adam von, Le peintre grav, 1802-1821, 21 vol. ; GINCHEREAU Normande, De la Renaissance au Néoclassicisme. Survivance, essor et variations des thèmes mythologiques gréco-romains dans les oeuvres d'art. Sujet témoin : le Jugement de Paris ou le tribunal de l'amour, thèse de doctorat dactyl., Univ. Laval (Québec), 2000 ; SHEEHAN Margaret, ? The loves, rages and jealousies of Juno. A series of prints by Giulio Bona-sone ?, University of Melbourne Collections, issue 12, June 2013, p. 16-22.