COMMODE D'EPOQUE REGENCE VERS 1720, D'APRES UN MODELE DE CHARLES CRESSENT En placage de satiné et d'amarante, ornementation de bronze ciselé et doré, le dessus de marbre brèche gris noir, la fa?ade mouvementée à cartouche central ouvrant par deux tiroirs sans traverse flanqués de deux vantaux latéraux centrés d'un cartouche, les montants ornés de chutes feuillagées prolongés par des pieds cambrés munis de sabots feuillagés associés, le plateau sous le marbre marqué .B. ; restaurations au placage et quelques soulèvements et manques, quelques bronzes associés H.: 91 cm (35 ? in.) ; L.: 142 cm. (56 in.) ; P.: 65 cm. (25 ? in.)
Le galbe élégant subtilement souligné par des bronzes au modèle identifié, la présente commode est à rapprocher du fameux corpus de commodes imaginé par Charles Cressent (1685-1768) au début du XVIIIe siècle dites commodes à doubles crosses en S et chutes de fleurs, mais également appelées commodes à moustaches.
Le tout premier modèle voit le jour dans les années 1720 et nous connaissons aujourd’hui une trentaine d’exemplaires offrant de multiples variantes notamment dans le décor de bronze. La partie centrale est toujours composée de deux paires de crosses en opposition. Celle du haut présente un décor végétal tandis que sa jumelle est godronnée. Elles sont centrées de riches entrées de serrure feuillagées encadrées par des poignées fleurissantes.
Alexandre Pradère, spécialiste de Charles Cressent et auteur de sa monographie, estime que le prototype initial et à l’origine de ce corpus foisonnant serait un groupe de commodes présentant ce décor de bronze en partie centrale très caractéristique ainsi que des chutes à motif ? mosa?qué ?. La première de cette série serait la commode de Cressent réalisée pour Jean-Baptiste de Machault d’Arnouville (1701-1794) aujourd’hui conservée au Chateau de Thoiry exposée dans la chambre d’Angélique.
Notre présente commode serait davantage à rapprocher du second groupe de ce corpus, plus tardif et aboutit stylistiquement. Les poignées se caractérisent par cette forme singulière de rinceaux de feuillage qui prolonge le mouvement des crosses supérieures. Les chutes ne sont plus mosa?quées mais directement issues du vocabulaire rocaille Louis XV, très déchiquetée et ajourée. Un modèle identique en tout point de vue datant des années 1745/50 et provenant de l’ancienne collection Rudolph Maximilian von Goldschmidt-Rothschild (1881-1962), se trouve aujourd’hui conservé et exposé au Rijksmuseum d’Amsterdam (BK-16650).
Il existe par ailleurs un troisième groupe de commodes, différentes dans l’ornementation des tiroirs composés de boutons de tirages circulaires sur la partie supérieure (A. Pradère, Charles Cressent sculpteur, ébéniste du Régent, Dijon, 2003, p. 286). Notre présente commode aurait très probablement fait partie des collections de Walter Francis Montagu-Douglas-Scott, Ve duc de Buccleuch, VIIe duc de Queensberry (1806-1884). Aristocrate écossais et homme politique influent, il fut non seulement l’un des grands conservateurs de son époque mais également un membre très proche de la famille royal.
Féru d’art il collectionne des pièces classiques mais également certains des plus beaux objets et meubles anglais du début du XIXe siècle. Il s’intéressera tout particulièrement aux ?uvres réalisées par le grand marchand anglais Edward Holmes Baldock (1777-1845).