Diptyque en ivoire sculpté en haut relief, représentant la Vierge à l'Enfant et la Crucifixion
Paris, deuxième tiers du XIVe siècle
Deux panneaux d'un petit diptyque en ivoire jadis polychrome, sculptés en haut relief, figurant, d'une part, la Vierge à l'Enfant entre saint Jean-Baptiste et sainte Catherine ; d'autre part, la Crucifixion avec la Vierge et saint Jean au pied de la croix ; les personnages représentés sous une triple arcature d'arcs en tiers-point surmontés de gables flonnés ; motifs trifoliés tête-bêche entre les rampants des gables.
Dimensions : h. 80 x l. 50 x p. 5 mm.
Traces de polychromie ancienne (rouge) ; panneaux dissociés et présentés sur un support couvert de velours rouge.
On note la profond de taille (4 mm) et l'expressivité des figures, en particulier dans la scène de la Crucifixion où la Vierge de doul se tord les mains en signe d'affliction.
Expert: Rapha?le Skupien, cabinet Honoré d'Urfé.
Datation : ce petit retable portatif, à deux volets jadis articulés par des charnières métalliques, sculptés dans un ivoire jaune à veines foncées, est typique de la production parisienne du XIVe siècle dont les dimensions des diptyques varient de 60 à 130 mm de haut pour 50 à 90 mm de large.
Sur le panneau de gauche, si la Vierge et l'Enfant qui lui caresse le visage de la main droite évoque les plus belles pièces d'orfèvrerie des années 1320-1340 comme la Vierge à l'Enfant de Jeanne d'Evreux (Paris, musée du Louvre, MR 342) ou le Polyptique de Thomas Bazin (New York, The Pierpont Morgan Library), saint Jean-Baptiste est revêtu d'une sorte de houppelande par-dessus sa mélote qui invite à rapprocher ce panneau d'un autre daté du troisième quart du siècle (Saint-Pétersbourg, musée de l'Hermitage, inv. F 3198).
Ici, la Vierge ne porte pas les insignes royaux mais une simple fl de lys dans la main droite (une discrète couronne était peut-être peinte sur le voile) comme on l'observe la statuaire du milieu du XIVe siècle à laquelle le sculpt de ce diptyque a aussi emprunté les postures très hanchées des personnages, les mèches de cheveux ondulant en larges vagues, la fluidité des tissus superposés et le traitement des drapés qui retombent sous les bras en plis tuyautés.
Sur le panneau de droite, l'affliction des personnages est comparable à celle du diptyque de Dijon (Dijon MBA, inv. CA T 335) dont les dimensions sont également similaires ainsi que les traits du visage caractérisé par un nez assez fort. Daté de la seconde moitié du XIVe siècle, il s'inscrit dans la lignée du diptyque Mège réalisé à Paris, vers 1340-1350 (Paris, musée du Louvre, 0A 9960) mais s'en distingue par certaines innovations iconographiques absentes dans notre diptyque qu'il convient donc de dater prudemment du deuxième tiers du XIVe siècle.
Ouvrages consultés : KOECHLIN Raymond, Les ivoires fran?ais, Paris, 1924, I, p. 217-218 ; Les fastes du gothique : le siècle de Charles V, cat. expo., Paris, 1981, cat. 152 ; GLEIZE Emilie, Catalogue descriptif des objets d'art formant le musée Anthelme et Edme Trimolet, Dijon, 1983, n° 335 ; Gothic Ivories Project at The Courtauld Institute, Londres, (en ligne : www.gothicivories.courtauld.ac.uk, dernière consultation le 07/03/2021, à propos du panneau de saint Pétersbourg).
Note : Spécimen conforme au Règlement CE 338-97 du 09/ 12/ 1996, art. 2-W, antéri au 1er juin 1947. Concernant la sortie de l'Union opéenne, le futur acquér devra se renseigner sur les restrictions en vigu, notamment celles prises par la France qui interdit désormais toute réexportation en dehors de l'UE.